Art Paris 2025 : Thomas Lévy-Lasne, lauréat du Prix BNP Paribas Banque Privée - « Un regard sur la scène française »

Numa Hambursin, directeur général du MO.CO. Montpellier, co-commissaire invité d’Art Paris 2025
« Thomas Lévy-Lasne est un peintre aux yeux grands ouverts. La lente exécution de chacune de ses toiles percute l’accélération des catastrophes environnementales contemporaines et le délitement des rapports humains qui trament son œuvre. Sa vigilance à l’égard du réel, qu’il démasque à travers des scènes banales du quotidien, relève moins d’un pessimisme réprobateur que d’une philosophie de l’action portée par le plaisir de la contemplation. Thomas Lévy-Lasne est ainsi devenu, grâce à son émission Les Apparences et à l’exposition Le jour des peintres, qu’il a organisée en septembre 2024 au musée d’Orsay, une figure fédératrice des peintres de notre pays. Ses œuvres fonctionnent comme un revolver à double détente. Le regard est d’abord conquis par le charme manifeste de la peinture, intrigué par son réalisme obsessionnel hors des canons contemporains, impressionné par ses compositions savantes qui trahissent une connaissance intime des chefs-d’œuvre du passé. Il faut un temps plus long pour déceler le détail inquiétant qui peut se loger dans le tableau, dans le titre ou dans la parole de l’artiste. C’est alors seulement que le sujet véritable est dévoilé, plongeant le spectateur dans l’embarras de sa première impression. La beauté n’est pas un agrément, mais un révélateur »

Nicolas Otton, directeur de BNP Paribas Banque Privée
« Nous sommes très fiers de remettre cette année le Prix BNP Paribas Banque Privée - Un regard sur la scène française à Thomas Lévy-Lasne pour accompagner ses réflexions et les nombreux projets qui l’animent. Je remercie chaleureusement les membres du jury pour leur participation. Le choix du lauréat est également celui de nos clients, qui ont été nombreux à voter pour leur artiste préféré. Je suis particulièrement touché par son approche quasi-photographique, influencée par l’hyper-réalisme et la peinture classique. Son exploration de la banalité du quotidien intègre les symboles d’un monde qui change. Ce Prix s’inscrit pleinement dans le soutien de longue date de BNP Paribas Banque Privée à la scène artistique française »

Guillaume Piens, commissaire général d’Art Paris
« Le Prix BNP Paribas Banque Privée s’est non seulement inscrit durablement dans le paysage des prix en France, mais gagne en puissance cette année en passant de 30 000 euros à 40 000 euros au niveau de sa dotation. Le choix de Thomas Lévy-Lasne a été unanime parmi les membres du jury. Il souligne à la fois la qualité de  l’œuvre figurative de l’artiste et la générosité de son engagement vis-à-vis des artistes de sa génération. Nous sommes convaincus que l’obtention de ce prix viendra soutenir le développement de sa carrière » 

Laurent de Vivie, directeur marketing BNP Paribas Banque Privée
« Cher Thomas,
Par ces quelques mots, je voudrais non seulement féliciter le mauvais garçon que vous êtes devant la caméra, mais aussi tacher de modestement relayer quelques références sur votre parcours. Elles pourront paraître incongrues à notre auditoire mais j’espère qu’elles vous feront sourire et vous montreront le plaisir que nous avons eu à découvrir votre art. 
S’il est vrai que notre métier nous porte à parler plus souvent à l’actionnaire qu’au peintre, je crois que ce qui fait que nous sommes particulièrement heureux de vous remettre ce prix est que vous êtes vous-même, comme dirait le vampire, un actionnaire. Le peintre, en actionnaire, est à l’origine de la plus grande création de valeur imaginable – largement inspiré de l’entéléchie rossetienne, cette affirmation du réel tel qu'il est ?
Pour mieux comprendre votre vision de la peinture post-moderniste, je me permettrais de rappeler l’histoire de Zeuxis et Parrhasios. Zeuxhis ayant représenté des raisins de façon si convaincante que les oiseaux venaient les picorer mis au défi Parrhasios de faire mieux. Ce dernier fit apporter un tableau représentant un rideau peint et Zeuxis demanda qu’on tire le rideau pour voir le tableau. Il dut s’avouer vaincu d’avoir été trompé par l’artiste.
Votre parcours est nourri de ce « mentir vrai » mais aussi de la maladresse humaine que l’on retrouve inscrite dans les toiles. C’est ce que vous voyez dans la lutte de Jacob avec l’ange de Delacroix qui m’interpelle – votre focus sur le traitement de l’herbe. Ces herbes qui pourraient être des saxicoles ?
 
Nous avons découvert grâce à vous ces organismes étonnants qui survivent parmi les rochers. Cette peinture du vivant, humain ou naturel, emblématique de votre œuvre, m’a particulièrement touché. 
Je me demande encore en contemplant cette série si votre engagement relève du biotope ou de l’écosystème.
Nous espérons que ce prix pourra contribuer à écrire le tome 2 de la « fin du banal » avec cette fois-ci votre autoportrait bien vivant !!  Et que bien que vous déclariez n’avoir pas de talent, il aidera à décupler votre désir.
Dans cette époque, il serait bien que nous soyons plus nombreux à penser que le monde serait sauvé s’il tombait dans les mains d’un peintre. Peintres dont on peut penser qu’ils n’ont aucun ego, seulement de la mégalomanie.
Le merveilleux nous enveloppe et nous abreuve comme l’atmosphère, mais nous ne le voyons pas.
Nous avons été bien inspirés d’avoir traversé la rue des filles du calvaire, et en venant de chez Yvon Lambert, je suis heureux de vous offrir ce brac de Nathalie du Pasquier, un lien avec la lauréate du prix de l’an dernier. J’espère qu’il sera un beau souvenir de cette journée, un lien dans cette communauté de peintres que vous formez.»